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Tribulations d'un geek...

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29 juillet 2009

Pourquoi le libre ?

Il n’est pas rare que l’on me demande pourquoi j’aborde relativement souvent le sujet du libre sur mon blog, par ailleurs beaucoup plus éclectique auparavant. C’est une bonne question qui nécessite une réponse digne de ce nom à travers ce petit billet.

Tout d’abord, il faut savoir que je ne suis pas un libriste intégriste comme il peut y en avoir. Je m’intéresse certes au libre et je l’utilise quotidiennement, mais je sais également reconnaître les avantages du logiciel propriétaire (Stallman dirait plutôt "privateur") lorsqu’il y en a, et je suis parfaitement enclin à l’utiliser. D’ailleurs, au quotidien j’utilise à la fois Windows et Linux selon mes besoins.

Ensuite, l’avenir de notre société me préoccupe beaucoup. Ces derniers temps ont vu naître de grands bouleversements à la fois au niveau économique (avec la fameuse crise ont on parle tant) et au niveau social. Et au milieu de tout ça, on peut voir un modèle disruptif émerger, celui du libre. Il ressemble à la fois à une réminiscence des vieux modes de collectivisation et d’entraide qui existaient autrefois, mais également à une sorte d’OVNI, avec son lot d’innovations.

Et ce modèle semble affronter la crise sans coup férir. Face à lui, le libéralisme n’a pas le vent en poupe, loin de là et les entreprises classiques vivent des temps difficiles. Et honnêtement, cela fait réfléchir. Les arguments en faveur du libre sont nombreux (je ne vais pas y revenir dans ce billet, je les ai déjà longuement abordés sur ce blog); parmi eux, la pérennité et la fiabilité des applications ainsi créées.

Alors bien entendu, tout n’est pas si rose : on cherche encore certains modèles économiques et Wikipédia ne s’en porterait que mieux si elle était indépendante financièrement. Mais peu à peu, ce système arrive à maturation et dérange de plus en plus les entreprises bien ancrées dans le secteur en leur piquant quelques parts de marché par ci, par là.

Effectivement, tout ceci reste marginal. Mais en pensant à la transposition de tels principes à d’autres domaines que ceux du logiciel ou de l’art, on peut imaginer des choses incroyables. Il n’est pas dit que cela marchera, mais qui ne tente rien n’a rien. Le libre nous offre une ouverture différente sur le monde et une perspective sociale et économique totalement divergente des concepts actuels. Ca vaut le coup de s’y pencher un peu.

Ce qui est dérangeant avec le libre, c’est qu’on a presque l’impression que c’est une démarche naturelle, mais que nombre d’entre nous ont du mal à concevoir que cette démarche puisse aboutir. En effet, on utilise le libre pour le partage des connaissances depuis bien longtemps et je ne résiste pas à l’envie de partager avec vous cette magnifique citation de Knuth :

J’ai été formé dans la culture des mathématiques, et je ne suis donc pas habitué à faire payer les gens un penny chaque fois qu’ils utilisent un théorème que j’ai prouvé. Mais je fais payer les gens pour le temps passé à leur dire quel théorème s’applique. Faire payer les services, l’adaptation et l’amélioration, d’accord, mais ne rendez pas les algorithmes eux-mêmes propriétaires.

Ca vaut le coup d’y réfléchir non ? Qu’apportent les brevets si ce n’est un frein à l’innovation ? Il est peut-être temps d’envisager de penser autrement. Et actuellement, les seuls alternatives qui s’offrent à nous sont le Libre et l’Open Source. Peut-être que dans dix ans, je prêcherai pour un autre modèle socio-économique, mais pour l’instant, c’est celui qui est à mes yeux le plus raisonnable et le plus pérenne. L’avenir me dira si j’ai ou non raison.

Supprimez le copyright, rendez-nous le droit d'auteur !

Au mon dieu, un énième billet d’hérétique qui souhaite télécharger impunément et gratuitement sans rien devoir à personne. Hum, mais le seconde partie de son titre m’intrigue : contre le copyright, mais pour le droit d’auteur ? C’est pas la même chose ?

Sans faire ici un cours d’économie (je serais d’ailleurs mal placé pour en faire un), il faut malgré tout mettre en place quelques notions. Distinguons d’abord la valeur d’un objet et son coût. La valeur d’un objet n’est autre qu’une donnée subjective faite d’un amalgame de différents paramètres. L’affection, et la nécessité font partie de ces paramètres qui définissent la valeur d’un objet. Le coût d’un objet est la quantité monétaire à débourser pour prendre possession de l’objet.

Nous vivons dans un monde où cohabitent deux économies très distinctes[1] :

  • La première est basée sur la rareté. Le principe est simple : prenez un bien matériel, plus il est rare, plus sa valeur originelle est haute. Si sa valeur augmente, son coût va irrémédiablement augmenter. Plus important encore, si je donne cet objet à quelqu’un, du fait de sa rareté, je m’en dépossède : je n’en jouis plus. Supposons cette fois que je duplique cet objet : son coût va cette fois diminuer, même si la valeur de la copie est identique à celle de l’original.
  • La seconde est quant à elle basée sur la duplication des biens immatériels. Prenez un amas de données : un e-book, une musique dématérialisée, et copiez la pour la redistribuer. Plus cet objet est partagé, plus il a de valeur. Qui oserait dire qu’une idée ou une musique n’a pas vocation à être partagée ou entendue ? Cette fois, si la valeur augmente avec la diffusion, le coût n’a quant à lui aucune raison d’augmenter de par l’abondance de l’objet dématérialisé et de par le fait que la copie n’apporte aucune valeur ajoutée à l’originale pour celui qui la détient.

Au débuts de la musique, les albums, les livres et autres objets culturels étaient matériels : ils obéissaient donc à l’économie de la rareté. Enfin, pas eux à proprement parler, mais leur support physique. Aujourd’hui, l’avènement des e-books et autres MP3 a conduit à la libération du contenu de son support matériel; ainsi, il n’obéit plus à la même économie, puisque dès lors que la copie devient possible facilement, sans coût de production supplémentaire, l’objet passe directement dans l’économie de l’abondance.

Or, c’est pour empêcher le passage à cette nouvelle économie qu’ils ne maîtrisent pas que les majors et autres lobbies ont imposé le copyright[2]. D’abord avec les DRM sur les CDs, ensuite avec les mesures anti-piratage avec les formats dématérialisés. En limitant la copie, on reste sur une économie de rareté que l’on continue à maîtriser un minimum.

Mettons les choses au clair : j’ai moi aussi, comme la majorité des jeunes de mon age, copié illégalement des CDs de musique. A vrai dire, il n’y a eu au cours de ma courte vie qu’une seule protection anti-copie qui m’ait résisté et comble de l’ironie, c’était pour faire une copie de sauvegarde d’un CD acheté légalement. Je n’appelle pas ça du "piratage" car le mot est inapproprié : je n’ai dépossédé personne, ce n’est donc pas du vol.

Mais allons un peu plus loin : l’art des majors est d’instaurer et de maintenir un fossé entre valeur, coût et prix qui les rende (largement) bénéficiaires. Ils s’arrangent pour que les coûts de production soient faibles et que la valeur reste le plus haut possible pour justifier un prix élevé et assurer une marge (prix - coût) la plus grande possible.

En ce qui concerne les nouveaux supports dématérialisés, le client n’est pas dupe : de la production à la distribution en passant par le marketing, les coûts de réalisation d’un nouvel album sont bien moindres. Du coup, le consommateur exige un prix plus bas que celui annoncé par les majors qui, de leur côté, conservent les prix au plus haut pour leur propre confort.

Pendant ce temps, le grand perdant est l’artiste qui n’a que quelques miettes à se mettre sous la dents. En effet, rappelez vous, les majors tirent les coûts vers le bas, ce qui inclut les rémunérations des artistes. Et là encore essayons d’être un peu limpide : aucun amateur de musique ne souhaite la mort d’un artiste, aussi mauvais soit-il ! Nous sommes fiers de notre diversité culturelle…

Il faut donc que l’industrie s’adapte à cette nouvelle économie. Comment ? En imaginant de nouveaux modèles économiques associés à cette économie de l’abondance. Il ne faut pas s’élever contre la duplication des contenus car c’est la pire des choses qu’un artiste puisse souhaiter : le copyright tue la musique en empêchant sa diffusion.

Par contre, il faut respecter le droit d’auteur et le renforcer. Les mesures d’écoute à la demande comme Spotify ou Deezer sont les premiers pas vers des rémunérations alternatives pour les auteurs, d’autres s’affirmeront au fil du temps. Mais empêcher le téléchargement sous prétexte que l’offre légale en streaming existe en quantité suffisante est totalement absurde !

En effet, il ne s’agit que de streaming qui ne couvre pas l’intégralité des usages mais qui se borne aux cas où l’on dispose d’une connexion internet stable, permanente et suffisante. Reste à couvrir la balado-diffusion et la diffusion offline dans son ensemble par d’autres alternatives d’offres légales permettant de rémunérer équitablement les artistes.

Enfin, il ne faut pas oublier que les droits d’auteur ont d’abord été créés pour protéger les artistes et artisans d’une utilisation commerciale abusive de leur oeuvre. En ce sens, c’est un peu comme s’ils avaient été créés pour les protéger des majors qui abusent de leur influence et qui continuent à faire, quoi qu’elles puissent en dire, des bénéfices toujours en forte croissance. C’est dans cet optique que je m’insurge et que je réclame la restauration du droit d’auteur : qu’on cesse enfin d’accuser à tort le client, internaute, amateur de musique, consommateur direct de bien culturel et que l’on protège les artistes face à la vraie menace qui abuse d’eux et de leur naïveté avant qu’il ne soit trop tard.

On va certainement me reprocher de ne pas donner de solutions, de modèles révolutionnaires et de me complaire dans une position de critique, mais ce n’est pas à moi de trouver la solution. Les alternatives existent, les modèles économiques basés sur l’économie de l’abondance sont nombreux et certains sont très efficaces, notamment concernant le logiciel libre. Je me contente pour ma part d’exprimer mon avis d’amateur d’art et de parler au nom de ceux que l’on appelle injustement "pirates", alors qu’il a été démontré que ceux qui téléchargent le plus sont les plus enclins à acheter des produits culturels. Cohérente incohérence, n’est-il pas ?

Notes

[1] Tristan Nitot explique ça bien mieux que moi : L’économie des idées

[2] J’entends ici le copyright non pas au sens juridique et classique du terme, mais au sens de restriction du droit à la copie.

13 mai 2009

Un terrible sentiment de honte

Contrairement à DADVSI en son temps, je n’ai que peu parlé de l’HADOPI sur ce blog. Bien que cette loi soit plus inepte encore, l’entêtement du gouvernement doublé de son incapacité à préserver les vecteurs de croissance économique et d’enrichissement culturel dans notre pays m’a fait comprendre bien assez tôt que cette loi passerait coûte que coûte. Plus qu’un sentiment de colère, c’est un sentiment de honte que j’ai envers mon pays et ceux qui le gouvernent.

Cadenas

Comment peut-on servir une nation tout en allant à l’encontre de ses intérêts ? Internet n’est pas une place de non droit, c’est un territoire nouveau et vierge qu’il convient de coloniser peu à peu pour s’en approprier les vertus qui sont plurielles : propagation de l’information, place de marché, vecteur de croissance, base de connaissances, j’en passe et des meilleures. En instituant, au nom de la "création", une loi visant à réduire le "piratage" d’oeuvres, on réduit, de manière drastique le potentiel d’innovation et de création (la vraie cette fois-ci) jusqu’alors quasi-infini de cette place forte, libre et indépendante. Dommages collatéraux vous dites ?

Ainsi, non seulement les mesures inapplicables et terriblement coûteuses prônées par cette loi stupide ne vont-elles rien régler du problème initial, mais elles réduisent l’usage de l’internet à celui d’un canal de communication surveillé. Qu’il soit clair que jamais je ne m’abaisserai à ajouter sur ma machine un obscure mouchard, payant qui plus est, dont j’ignore le fonctionnement, la nature des données qu’il transmet, et bien plus encore. Où est passé le pays des Droits de l’Homme qui fût jadis le mien ? L’avance idéologique dont la France faisait alors preuve semble désormais bien loin.

Oui, je l’affirme, j’ai honte de mon pays. Je n’ai que 20 ans et le virage amorcé par la France devant mes yeux m’effraie au plus haut point. D’abord DADVSI, ensuite HADOPI et bientôt la LOPPSI… Nous ne sommes pas sortis de l’auberge et nous n’avons pas fini de nous indigner. La logique répressive et la tendance à l’"omni-contrôle" dans laquelle notre pays s’enlise n’est en aucun cas une solution, ni dans le domaine de l’internet, ni dans aucun autre. Plus on rajoute de lois, plus on incite à les enfreindre, d’autant plus d’ailleurs qu’elles sont contraignantes et inadaptées. Le gouvernement se décrédibilise lui-même et pousse le peuple à la révolte et à l’incivilité. Vous vous demandez d’où vient ce sentiment d’insécurité alors que jamais la législation n’a été aussi forte, ne cherchez pas plus loin, la réponse est dans la question.

Le rôle d’un gouvernement n’a jamais été de prendre les devants car, par définition, il est toujours en retrait et en retard par rapport à son époque. Son rôle est d’appuyer ceux qui sont en avance sur leur temps, de tâcher de décrypter les tendances obscures et novatrices qui éclosent et de soutenir les plus prometteuses. Vous ne savez pas quoi faire ? Déployez la fibre et démocratisez les nouveaux usages de l’internet à très haut débit, développez une offre d’accès mondial au patrimoine culturel français, favorisez le déploiement de nouveaux modèles économiques dans le domaine de la culture… Tout ceci sera bien plus utile que de soutenir des vieux modèles croulants qui s’effondreront plus tôt que tard.

Il n’est pas trop tard pour redresser la barre et prendre le cap de l’innovation pour rattraper un retard certain et croissant dans le domaine du numérique et prendre la direction de l’innovation. Nous avons des cerveaux en France, en Europe et dans le monde qui ne demandent qu’à être soutenus plutôt que d’être poignardés par une poignée de projets de lois inutiles qui, s’ils ne les concernent pas directement, leur mettent de nombreux bâtons dans les roues. Il n’est pas trop tard pour que la jeunesse dont je fais parti reprenne confiance en l’institution clé de notre Démocratie, à savoir l’Etat, et en ceux qui la représentent.

Mais pour cela, encore faut-il que l’Etat serve leurs intérêts, ce qui, malgré tous les propos qui peuvent-être tenus au sein de ses représentants, n’est pas le cas. Servir le peuple ne signifie pas servir les intérêts d’une minorité qui, si elle ne se remet pas en question, mourra d’elle même à petit feu. Les intérêts de la masse est d’accéder à une masse d’informations et de produits culturels si nombreux qu’elle ne pourrait de toute façon tous les consommer avec l’offre légale actuelle, pour des questions financières principalement. Pourtant, la culture prend une place de plus en plus importante dans notre quotidien et son accès devient indispensable à une intégration socio-professionnelle. Si des initiatives fleurissent et marchent, c’est que le modèle actuel a besoin d’être remplacé pour coller à de nouveaux besoins émergents.

L’industrie musicale, cinématographique ou culturelle au sens large ne sera morte que le jour où elle décidera de se complaire dans l’immobilisme. Et dans ce cas, ce sera plus son inaction et son inadaptation qui seront responsable de sa mort que le "piratage", qui n’est qu’une des conséquences d’une offre inadaptée aux besoins actuels de consommation de la culture. L’Etat n’a, dans ce domaine, aucun devoir d’ingérence autre que de soutenir l’émergence de modèles alternatifs permettant de garantir la rémunération des artistes. A bon entendeur, salut.

8 mars 2009

Le logiciel libre : une source d'inspiration pour les nouveaux modèles socio-économiques ?

Innovation

Avant-propos : Ce billet est le compte-rendu d’un atelier qui a pris place lors du CantineCrisisCamp, aujourd’hui même. Je tente d’y synthétiser ce qui m’ont semblé être les réflexions majeures qui furent abordées et essaye d’enrichir le débat avec quelques pierres que je n’ai malheureusement pas pu apporter à l’édifice par manque de temps. J’ai également volontairement ommis le retour d’expérience de Michel Sasson qui devrait faire l’objet d’un autre post (accompagné d’une interview vidéo).

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5 mars 2009

Crisis Camp #1 : pour faire face à la crise !

La crise, ce mot, simple mais évocateur, est sur toutes les lèvres. Prononcé souvent à tort, parfois de travers, il affecte n’importe quel auditeur d’un rictus nerveux venant assortir une mine déconfite. Pourtant, il s’agit d’une opportunité à saisir : modifier les préceptes qui jusqu’alors prévalent (ou devrais-je dire, prévalurent), repenser les modèles et agir différemment pour aller de l’avant, voilà la véritable démarche à adopter en ces temps difficiles.

Mais seul, que pouvons-nous faire face à un phénomène de cette ampleur ? Peu de choses hélas, c’est pourquoi le premier Barcamp consacré à la crise est organisé cette semaine à la Cantine : le CantineCrisisCamp #1. Leur but ? Fédérer des économistes, des technophiles, des chercheurs, des chefs d’entreprises, des banquiers alternatifs, des informaticiens, des militants et tout un chacun pour ouvrir le débat et engager une réflexion sur un sujet aussi brulant que celui-ci.

Situé dans les locaux de la Cantine, de 13 à 19h samedi prochain (7 mars 2009), l’évènement devrait rassembler quelques dizaines de personnes ayant envie d’échanger sur le sujet. Le principe du Barcamp ? Pas de spectateur, tous acteurs ! Un avis à partager, une idée à développer, venez donc le faire autour d’un des ateliers, ou pourquoi pas animer vous-même un des ateliers, tous aussi variés qu’intéressants.

J’aurais pour ma part le plaisir de m’y trouver tout l’après midi. Profitant d’ailleurs de ma matinée pour faire un petit safari photo dans les rues parisiennes, j’ai quelques heures à tuer avant le début du Barcamp. Si vous désirez manger un bout ensemble ou discuter autour d’un verre, n’hésitez pas à me faire signe par mail ( deeder [at] libert-fr [dot] com ) ou en laissant un commentaire ci-dessous.

Peut-être à samedi ! ;-)

Liens complémentaires :

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