Il était une fois...

Imaginez un monde basé sur des technologies uniquement propriétaires. Imaginez un monde où les personnes utilisant des logiciels, OS ou protocoles différents seraient totalement isolé les uns des autres. Quel serait alors l'intérêt du Web, du partage de connaissances, ou des perspectives commerciales de ce média qui seraient alors réduits à néant à cause du non respect de l'interopérabilité même.

C'est pourtant ce vers quoi nous tendions avant l'arrivée des standards. La guerre qui s'était établie entre les deux principaux navigateurs du marché empêchait alors la mise en place du Web dit 2 d'aujourd'hui, avec ses aspects communautaires, ses nombreux échanges, la mise en place de wikis, de blogs, et les nombreuses autres plateformes de partage qui s'instaureront à l'avenir et que l'on ne peut pas encore définir.

Mais cela, Tristan Nitot, directeur et fondateur de Mozilla Europe, se charge de nous le rappeler. Que ce soit au Club-Sénat pour faire le point sur les 10 dernières années du Web, ou que ce soit par le biais d'une interview faite par un étudiant en licence de communication, il ne manque pas de nous scander que le combat n'est pas terminé.

En effet, la "balkanisation" des technologies comme on s'aime à l'appeler est toujours présente, notamment dans le domaine de la messagerie instantanée où la privatisation a su l'emporter sur le libre. En effet, les protocoles ouverts restent minoritaires et ne sont que peu utilisées comparées au géant de ce domaine, à savoir MSN. Il en est de même avec les nouvelles technologies de VoIP ou Téléphonie "sur IP" ou Skype fait fureur : les détenteurs d'un autre protocole ne peuvent pas converser sur un ordinateur équipé de Skype. Et ce ne sont que deux exemples des plus flagrants parmi tant d'autres...

Il ne faut donc pas se reposer sur nos lauriers, la privatisation du Net est belle et bien présente. Indépendamment du fait que le Web ait, encore plus dans sa version 2 que dans sa première mouture, un potentiel commercial non négligeable, il se doit d'être avant tout ouvert, libre et gratuit pour que chacun, sans discrimination aucune, puisse profiter de cette énorme avancée technologique.

Pas de problème sans solution...

Non, il n'existe pas de problème qui n'ai pas de solution qu'elle soit simple ou terriblement compliquée. Je ne vous cacherais pas que dans ce cas, la complexité de la solution n'est pas des plus tristes, mais l'important est qu'elle existe belle et bien. Cette fameuse solution (oui, j'aime bien me répéter de temps en temps... je commence à me faire vieux ;) ) est en fait plurielle. Pour limiter l'expansion des actuels protocoles et technologies propriétaires, il faudrait mettre en place des spécifications permettant l'interaction entre ces technologies. Cela demanderait malheureusement beaucoup d'investissement du côté des sociétés concernées et je doute fort qu'elles allouent les fonds nécessaires à cette mise en commun. La monopolisation d'un marché étant tellement plus prolifique...

Reste une seconde parade, cette fois-ci sur le long terme : la mise en place de formats ouverts concurrentiels permettant de conquérir des terrains qui ne sont pas encore privatisés, et où le public reste prêt à accepter un technologie de base qui pourrait satisfaire à ses besoins. Il faudrait ainsi doubler les professionnels sur leur propre terrain pour les encourager à développer des applications compatibles avec ces standards mis en place. Et pourquoi pas, au fur et à mesure, à l'instar de Mozilla conquérir les part de marché des applications propriétaires après une standardisation des formats et protocoles.

Le problème résidant ici dans le fait que le budget et les moyens humains et techniques alloué aux formats propriétaires et à leur développement est fantasmagorique (j'avais envie de le placer ce mot tiens). Comment rivaliser contre cela ? L'investissement des bénévoles peut-il faire face à des milliards de dollars de capital ? Quand je vois le dossier Firefox, je me dis qu'il y a peut-être encore un espoir... ;)