Ceux qui me lisent de longue date, et je sais qu'il y en a au moins un (moi-même), savent que j'ai parfois tendance à rédiger des billets douteux, mi-humoristiques, mi-sarcastiques, mi-réalistiques (comment ça ça fait 3 moitiés ?), et qu'il arrive que ces billets soient rédigés à un heure tardive ou disont à une heure avancée de la nuit. Ces billets sont accompagnés de mes truculentes réflexions alambiquées dans la rubrique Déviance mentale de ce blog. Et si ses pérégrinations s'arrêtaient le temps d'un billet sur la vie d'un mégot de cigarette ?

Mégots

La cigarette, cet objet de luxe, est la preuve ultime de notre existence dans une société qui consomme à outrance sans besoins réels. Ce rondin commun n'est rien d'autre que de l'argent qui part en fumée et littéralement. Après l'or en barre, l'or en rondin. Le nombre de cigarettes que l'on croise lors des soirées même pour un non-fumeur est inimaginable : elles sont partout ! Et une fois consumées et consommées, il n'en reste plus qu'un mégot. Quelle triste vie que celle d'un mégot ! Ce bout de cigarette n'a plus aucune valeur aux yeux de son propriétaire qui va lâchement l'abandonner sur le sol, peu importe qu'il soit caillouteux, macadameux ou carrelé. S'en suit un grand coup de pied rotatif destiné à éteindre le peu de lumière qui reste en lui, sa seule chance d'être récupéré pour une dernière bouffée.

Mais non, celui ci était bel et bien fini, achevé et est désormais écrasé, sa panse entre-ouverte laisse se répandre les derniers grammes de tabac qui étaient en lui. C'en est fini de lui. Il va rester toute la soirée sur ce sol bien souvent impropre à regarder les gens passer. Les grands, les petits, les gros, les minces, les beaux, les moches, les ni-grand-ni-petit-ni-gros-ni-mince-ni-moche, les messieurs et mesdames "Tout le monde". Avec un peu de chance, un de ses semblables viendra atterrir non loin de lui. La probabilité de cet évènement est, bien entendu, plus grande à mesure que l'heure avance et devient optimale en fin de soirée. Et quand ça arrive, imaginez le soulagement du mégot : Cool, un copain ! Salut toi ! - Salut, ça fait longtemps que t'es là ? - Off, trois/quatre heures va..

A peine ont-ils fait connaissance qu'au bout de quelques minutes, au maximum quelques heures, un opportun va venir couper court à toute conversation d'un grand coup de balai. Il est chié celui là ! Un coup de balai, un second, un troisième. Le voilà réduit à compter le nombre d' à-coups qui séparent sa position initiale de celle de la pelle tenue par l'autre énergumène de l'autre côté de la salle. C'est ensuite avec une violence inégalable que l'autre type va ramasser notre mégot, manquant de peu de lui arracher le peu de papier qui lui reste autour du filtre, pour l'envoyer définitivement dans un sac poubelle avec d'autres de ses congénères. Une fois le sac plein et le ramassage terminé la ficelle va venir priver le mégot de ses derniers rayons de lumière. C'est dans ce sac qu'il sera emmené par les éboueurs vers d'autres aventures que je vous conterai peut-être un jour.

Bonne nuit les gens. ;)