La mort du Web est amorcée...
Le 15 Janvier 2009, Paris
Cela fait désormais plusieurs mois que nous tentons d'oublier définitivement le mot "Web" qui nous a porté pendant tant d'années à travers des expériences tout aussi variées qu'enrichissantes, voire même chiantes. Nous sommes en 2009, le Web a fini sa descente aux enfers et notre ciel s'est obscurci depuis sa disparition. Personne ou presque ne l'a regretté à part quelques scientifiques ou quelques illuminés chevelus et irresponsables qui nous vendent aujourd'hui leurs prophéties sur une ère qu'il qualifient déjà d'inculturelle.
Tout a commencé en l'an 2007. L'été commençait à poser difficilement ses marques et comme chaque année, la blogosphère a vu son rythme de publication diminuer. Quelques avant-gardistes attiraient déjà à l'époque l'attention sur ce phénomène qu'il considéraient comme tragique et ce chaque année depuis la naissance du cinquième pouvoir. Les geeks boutonneux ou blogueurs en manque de panégyriques pendant cette période d'absence de commentaires, leurs auteurs étant partis en vacances, ont à leur tour décidé, pour la première fois en 35 ans (source Mediametrie : moyenne d'age des blogueurs français en 2007), de découvrir ce qu'ils appelaient la Real Life.
Il fut difficile pour eux d'affronter le soleil, la seule lumière qu'il apercevaient jusqu'alors étant celle de leur écran, bien souvent allumé à la page de leur outil de mesure d'audience ou de gestion de leurs commentaires. Une fois les commentateurs revenus, ce fut donc les blogueurs qui furent partis découvrir les joies de l'herbe, du vent et des coups de soleil. Les blogs là encore restèrent muets. Puis, ce mouvement se généralisa à l'ensemble des services de l'auto-proclamé Web 2.0. Wikipédia fut rapidement atteint d'une paralysie quasi-générale.
Les VCs spécialisés dans le business du Web furent bientôt victime d'une surabondance de leurs cartes de visites, commandées jusqu'à présent mensuellement par milliers. Mêmes les quelques blogueurs réfractaires n'arrivaient pas à revendre leurs cartes dernier cri sur lesquelles il y avait écrit en gros leur numéro de compte bancaire, surplombé de la mention "Blogueur Influent". L'économie de l'Internet vint à d'effondrer. La publicité sur les blogs ne rapporta plus que quelques dizaines d'euros mensuels à Eric Dupin[1] qui a fait faillite en ayant côté en bourse son site peu avant l'effondrement du marché.
Les Digg-like, sont morts, les canaux IRC se sont vus désertés, le mail est une chose dont on ignore aujourd'hui l'existence. La VoIP s'est vue concurrencée par le nouveau TGV : un allez-retour à l'autre bout de la France coûte désormais moins cher qu'un abonnement Internet. Les supports de stockage des données ont été retirés petit à petit du réseau, leur coût d'entretien devenant cinq fois supérieur à celui des revenus qu'ils rapportaient alors. Petit à petit, les données disparurent jusqu'à ce que la toile s'effondre d'elle même.
Vous qui êtes du passé, vous vous demandez surement ce que peuvent désormais faire le gens pour occuper leur temps libre et satisfaire leur égo sur-dimensionné : c'est simple, ils se font des amis, sortent, s'amusent, jardinent, découvrent la vraie vie. Je vous affirme désormais que les visionnaires qui s'inquiètent du devenir de la blogosphère à votre époque ont non seulement raison, mais sont encore loin du compte. Pour moi, le Web est mort, pour vous, il est en fin de vie : la reconversion est amorcée, il est déjà trop tard.
Notes
[1] Un lien par jour j'ai dit ! Je m'y tiendrai !
Commentaires
Superbe article d'anticipation, pas si irréaliste que ça en plus !!
Merci pour le compliment. Pas si irréaliste, certes, mais peu probable, du moins dans un avenir proche.
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