La Mozilla Foundation laisse l'oiseau Thunderbird prendre son envol
En étant un tant soi peu connecté et "aware", vous avez pu apercevoir la news selon laquelle Thunderbird, le logiciel de messagerie de Mozilla, serait "abandonné" par la firme. Il s'agit en fait non pas d'un abandon mais tout au contraire, de donner ses chances à un projet trop longtemps éclipsé par son lointain cousin qu'est Firefox, mobilisant à lui seul toutes les troupes disponibles. A ce sujet, Tristan Nitot le fameux a publié en anglais un billet précisant en quoi Firefox et Thunderbird sont différents. Je ne vais pas traduire ce billet à mes lecteurs anglophobes (pour peu qu'il y en ai quelques uns), mais je peux cependant vous résumer la situation :
- Alors que l'échange d'emails répond aujourd'hui à des critères d'interopérabilité, le Web voit seulement les premières perspectives se dessiner dans ce sens. Il reste encore un énorme travail à faire de ce côté.[1]
- Lorsque Firefox est arrivé sur le marché des navigateurs Web, le monopole de IE associé à son lamentable état sécuritaire a rebuté nombre d'utilisateurs qui ont enfin pu jouir du Web avec Firefox. Pour thunderbird, le marché était lui assez actif et nombres de solutions existaient déjà à son arrivée.
- Alors que l'email se démode et ne reste utile que professionnellement, les réseaux sociaux sont en pleine expansion et le Webmail devient de plus en plus populaire.
- Il est facile de switcher vers un nouveau navigateur et de rebrousser chemin en cas de déception, mais ce l'est beaucoup moins pour un logiciel de messagerie à cause de l'import/export des archives.
- L'undustrie du Web est en pleine effervescence mais cette de l'email est relativement stagnante.
- Si l'Internet est devenu un indispensable, le navigateur également. Un ordinateur avec une connexion se doit d'avoir un navigateur mais le Webmail peut remplacer le client mail classique.
- Il y a 100 millions d'utilisateurs de Firefox dans le monde contre 5 millions pour Thunderbird.
Lorsque l'on voit toutes les différences qu'il peut y avoir entre ces deux projets, on comprend pourquoi il est nécessaire de dissocier leur développement pour éviter que l'un soit défavorisé par rapport à l'autre. C'est dans ce but que la Mozilla Foundation propose trois solutions possible pour le futur de cette application :
- La création d'une association à but non lucratif dédié à Thunderbird;
- La mise en place d'une nouvelle filiale au sein de la Mozilla Corp;
- Le développement de Thunderbird sous la forme de projet communautaire, le support et les services divers assurant l'apport de revenus et donc la pérénité du projet.
Si les avis sont partagés, je ne peux réellement donner le mien, n'étant pas assez impliqué et concerné par l'avenir de Thunderbird que je n'utilise pas. J'ai longtemps utilisé un logiciel de messagerie classique avant de switcher définitivement vers Gmail il y a quelques mois, le principal avantage étant à mes yeux la disponibilité de mes mails sur n'importe quelle machine. Je pense qu'aujourd'hui, l'internaute moyen de plus en plus nomade tombe dans la même problématique que moi et donc que le choix d'un client logiciel n'est pas forcément bon.
Cela dit, le marché de l'email reste occupé en grande partie par les échanges professionnels, ce qui laisse présager une utilisation interne à la société et donc d'un poste fixe à l'autre. Il est également rare actuellement que les utilisateurs moyens disposent de plus d'un ordinateur ce qui limite la problématique de la mobilité potentielle. Quoi qu'il en soit, Thunderbird a sans conteste un avenir prometteur, quelle que soit la solution choisie pour continuer son développement.
Si j'osais être idéaliste au dépend d'un évident pragmatisme, je dirai que le création d'une association de loi 1901 serait un choix préférentiel, cependant il ne faut pas regarder au background administratif que cela comporte. Croyez moi, je sais ce que c'est de s'occuper d'une association à but non lucratif et la tonne de paperasse et de démarches qu'il faut faire rien qu'à l'échelle d'une vingtaine de membres : ce n'est pas une partie de plaisir tous les jours. Affaire à suivre, le principal étant que le projet Thunderbird ait enfin la lumière qu'il mérite...
Notes
[1] A ce sujet, je vous conseille de lire la réponse de Daniel Glazman qui rétorque à Tristan que bien que l'email en texte brut répond à des obligations d'interopérabilité, ce n'est pas le cas de l'email en HTML. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le W3C a créé un groupe de travail centré sur la question.
Commentaires
J'ai vu ça effectivement il y a quelques temps dans les news.
Enfin, pour ce qui est de l'utilisation d'un client mail, ou alors d'un WebMail, je dois avouer que je suis et reste ancré dans mon bon vieu client mail en dur. Avec l'utilisation du POP et la suppression des messages en différé (perso j'ai même complètement désactivé l'option qui supprime les mails du serveur distant) je ne risque absolument pas de perdre mes mails (alors qu'avec de l'IMAP c'est une autre affaire :-° ).
Etant un nettoyeur frénétique, il n'est pas rare pour moi de supprimer un mail involontairement.
Grâce à mon "système", mes mails ne sont pas supprimés tant que je ne suis pas allé directement dans ma boite mail vider les mails manuellement.
En plus de cela, toutes mes boites mails sont accessibles _en plus_ via au moins un webmail (histoire que je puisse les consulter même sans avoir mon ordinateur sous la main).
Ainsi j'ai un client stable qui me permet de consulter mes mails hors lignes etc. Et je bénéficie en plus des avantages des webmails dans le cas ou je ne peux pas passer par mon client lourd. Que demander de mieux ?
PS: En plus de ça, je songe sérieusement à héberger chez moi un webmail (roundcube) ce qui me permettrait d'avoir un unique client lourd et un unique webmail.
J'étais comme toi Makkhdyn mais j'en ai eu marre de faire chaque fois deux fois l'opération de gestion de mes mails (à la fois online et offline). Les webmails me simplifient la vie, même s'ils ont également leurs incovénients...
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