Si le Web est entré dans les moeurs, l'utilisation d'un navigateur l'est moins. Beaucoup d'utilisateurs se trouvent perdus, désorientés lorsqu'ils ont à faire à une interface jusqu'alors inconnue : il peut par exemple être déroutant de tomber pour la première fois sur une machine sur laquelle il n'y a que Firefox de disponible alors que l'on est habité à Internet Explorer 7. Plus encore qu'un changement de logiciel, une mise à jour de IE6 à IE7 peut-être largement plus déroutante puisque l'on change radicalement d'expérience utilisateur entre deux versions d'un produit que l'on attend constant et identique.

Logo Prism

Pour palier à cela, le mieux serait de ne pas avoir à passer par l'intermédiaire qui est le navigateur Web : c'est le principe des RDA (Rich Desktop Applications) que l'on voit fleurir actuellement chez Adobe avec AIR et Microsoft avec Silverlight. Ces RDA permettent de lancer des logiciels qui sont généralement développés dans un langage propriétaire de la marque et qui se synchronisent à un serveur pour interagir avec de dernier, récupérer et envoyer des données en se passant d'un navigateur Web.

Mais alors même que ces nouvelles technologies commencent à pointer le bout de leur nez, Mozilla fait mieux en lançant Prism qui permet de lancer des sites Web en lignes comme s'il s'agissait d'applications totalement indépendantes d'un quelconque navigateur Web. En fait, Prism est une ébauche qui commence à réaliser le rêve qui consiste à rendre le Web à la portée de tous en s'affranchissant d'un intermédiaire parfois déroutant. Ainsi vos sites Web, vos applications en ligne, vos services deviennent des applications bureautiques à part entière, sans aucune interface parasite. Ils prennent placent sur le bureau à côté de votre logiciel de traitement de texte ou votre messagerie.

Je vous vois venir avec vos grands sabots pour vous écrier "Mais quels avantages par rapport à des RDA ?" La réponse tient en quatre mots : les standards du Web. Là où Silverlight et AIR nécessitent l'utilisation d'une technologie tierce (Flash, .Net, etc), Prism réutilise les mêmes technologies qui font le succès du Web, des technologies ouvertes et normalisées. Lorsque Adobe et Microsoft veulent imposer leur propre technologie, Mozilla laisse le choix au développeur d'utiliser la technologie qu'il souhaite pour développer son application. La fondation assure également la compatibilité de son application avec tout les sites existants à ce jour.

En quoi est-ce une bonne nouvelle ? En termes d'usabilité (que ce soit pour un utilisateur confirmé ou un novice, l'expérience utilisateur est la même), d'intéropérabilité (Prism est basé sur XulRunner, ce qui lui confère une portabilité sur de nombreuses plateformes) et d'évolutivité (l'utilisation de formats ouverts permettent à la fois une rétrocompatibilité de l'application et une capacité d'innovation non négligeables), cette nouvelle promet beaucoup. A défaut de voir peut-être un jour fleurir des solutions de WebOS convenablement exploitables, nous avons une belle promesse de fusion entre le Web et le desktop, ce qui n'est déjà pas si mal.

Aussi anodine que cette innovation puisse paraître, nous venons sans nous en rendre compte, de faire un pas en avant dans l'exploitation du Web. Contrairement à celui lié à l'invention des réseaux sociaux et autres fioritures du Web dit "2.0", cette évolution-ci me parle et me paraît des plus prometteuses puisqu'elle laisse des perspectives de développement encore inexplorées et ça, ça me botte ! Affaire à suivre, et de très près ! ;-)