Le titre de ce billet résume à peu près tout le fond de ma pensée à propos d'un article de PC INpact intitulé "Firefox 3 : 700 bugs et 20 % corrigés pour la version finale". N'est-ce pas alléchant ? C'est un peu la presse à scandale de l'informatique : imaginez un navigateur désormais populaire, réputé pour sa fiabilité qui inverserait la balance dans sa prochaine version ! Quel scoop ! Enfin, ç'aurait pu en être un si seulement le contenu avait assez de consistance pour argumenter un tant soit peu et justifier ce titre graveleux.

La bêta 1 de Firefox 3.0 n’est pas encore là que l’on sait déjà qu’il devrait rester malheureusement une foule de bugs dans la version finale. Une communication étonnante de la part de Mozilla qui avertit qu’il existe à ce jour 700 bugs bloquants dans le code du navigateur.

Comme il est précisé, la version bêta 1 n'est pas encore là (elle ne devrait plus tarder), il est donc tout à fait normal qu'une version alpha comporte de nombreux bugs. Le contraire serait d'ailleurs très étrange (un produit en cours de développement dispensé de bugs peut-il vraiment exister ?). Communiquer sur l'état du développement de son logiciel n'est pas étonnant, cela s'appelle simplement de la transparence et du travail collaboratif. Il ne faut pas oublier que Mozilla, c'est avant tout une communauté de contributeurs bénévoles !

Un bug bloquant est défini comme suffisamment sérieux pour faire repousser normalement la sortie d’une version finale. Or, Mozilla ne compte pas repousser ladite version en attendant que l’intégralité des problèmes soit corrigée. Les développeurs demandent que les bugs soient triés et classés par priorité.

La réponse de Mozilla est toujours la même lorsque l'on demande pour quand arrivera Firefox 3, et Tristan la manie d'ailleurs avec brio : "Quand ce sera prêt". Dire que Mozilla ne compte pas repousser la version finale est totalement faux puisqu'ils ont tout intérêt, au contraire, à fournir un produit léché et de grande qualité s'ils veulent continuer à gagner des parts de marché et à promouvoir les standards ouverts. Le véritable problème est simplement de pouvoir distinguer les vrais "bugs bloquants" (dits "blockers") des autres qui n'en sont pas mais qui ont été qualifiés à tort comme tel. D'ailleurs, la citation suivante précise bien qu'une ou deux beta supplémentaires pourront être planifiées au besoin.

Juger un produit selon ses phases primaires de développement pour effectuer des prévisions hasardeuses sur la version finale, voilà qui est bien bancal et qui ne rime pour ainsi dire à rien. Mais ce qui me fait rire encore plus jaune, c'est le sous-titre de l'article : C'est du marketing ? Ah non loin de là. J'ai bien lu "marketing" ? Laissez-moi rire ! Depuis quand un simple état des lieux d'une réunion à propos de l'évolution du développement des versions bêta de Firefox 3, qui plus est publié sur un wiki dédié à la communauté, est-il assujetti aux règles du marketing ? Une version bêta n'est pas un produit, c'est un outil pour aboutir à ce produit qui est par définition imparfait, et ce en tout état de cause. Sachez vous en souvenir, et arrêtez d'attendre d'une beta qu'elle soit de la qualité d'une version finale, nom de Zeus !