Il est ici question de meurtre, et même de l'un des plus graves de notre siècle. L'innovation est parait-il morte, depuis longtemps même, bien qu'à notre connaissance personne n'ait encore retrouvé le corps. Microsoft Windows, assassin présumé de la victime, a été arrêté puis relâché, sous couvert de la présomption d'innocence. La contestation de la rue face à la culpabilité de l'accusé ralentit considérablement les procédures lancées à son encontre et pourraient même, à terme, ternir l'image de la justice en prononçant l'acquittement. "Oui, Windows a tué l'innovation", rapporte un témoin de la scène.

Meutre

Nous ne pouvons cependant que renforcer le jugement final qui se détache peu à peu de l'analyse du célèbre juriste Maître Ploum qui n'en est pas à son premier rapport déboussolant permettant d'enfoncer le logiciel propriétaire dans les tréfonds de la culpabilité. Pour comprendre le raisonnement ainsi mené, il faut s'en tenir dans un premier temps à une analyse historique des faits, de la naissance de l'innovation à nos jours. C'est cette histoire que nous allons tâcher de vous conter en ce jour, le vingt-quatrième du mois de novembre deux mille sept.

Rendons-nous au débuts de l'informatique et à la naissance des premiers systèmes d'exploitation. Au départ, il n'y avait que le néant qui, à force de 0 et de 1 est devenu le premier système d'exploitation qui se concrétisait alors par une invite de commande. Nous sommes dans les années 60, à l'époque de CTSS puis bientôt d'Unix. Les ordinateurs se développent à vitesse V, la mémoire évolue, les techniques également, l'esthétique, l'ergonomie et l'usabilité s'améliorent sous la pression de la concurrence naissante dans un marché encore immature.

Au début des années 90, quelques systèmes d'exploitation dont Linux (dans la première version de son noyau, Solaris, AmigaOS, les BDS (NetBSD, FreeBSD, etc.) et Windows 3.1 se côtoient dans une atmosphère de compétition rude : chacun essaye de faire sa place et tâche, pour y arriver, innover le plus possible. Windows 3.1 est d'ailleurs le premier grand succès de Microsoft et continue de s'imposer avec ses versions suivantes (95, NT 4, 98, ...). En grignotant ainsi les parts du marché de systèmes d'exploitation, Microsoft enterre définitivement la plupart de ses concurrent et peu de projets subsistent.

Installé confortablement en tant que leader sur un marché en pleine expansion, ce dernier va se garder de toute dépense inutile en recherche : le peu de concurrence encore en jeu étant ancré dans marchés de niche ou accumulant un retard considérable dans le domaine, ne rendait pas justifiable une très coûteuse dépense en développement. Pire encore, si le nerf de l'utilisabilité d'un ordinateur pour le commun des mortels n'évolue pas, les machines elles-même stagnent dans le domaine à la fois logiciel mais également matériel. Bref, l'évolution n'est plus ou du moins n'apparaît que sous forme d'un hologramme matérialisé par une simple modification d'interface périodiquement redondante.

L'informatique et plus encore son utilisation ont été déterminés par un système d'exploitation que personne n'ose encore aujourd'hui contester. L'alternative, même si elle comble peu à peu son retard, a depuis le temps totalement disparu des mémoires des professionnels d'aujourd'hui qui furent les "early-adopters" d'hier. L'utilisateur lambda arrivé après la popularisation de l'informatique au sens de Microsoft n'a même pas connaissance de l'existence de cette alternative. Difficile de s'imposer dans un monde où les seules personnes qui sont au courant de votre existence ne cessent de garder pour tout jugement de vous même que les réminiscences de votre lourd passé d'imperfection et d'immaturité.

La définition de l'ergonomie, de l'usabilité, de l'informatique dans son ensemble est devenue Windowsienne et ce qui en diffère est trop perturbant pour être réellement efficace aux yeux de l'utilisateur. Il pense, réfléchit et vit à la manière illogique du système d'exploitation qui lui a été imposé depuis le premier jour où il posé son empreinte sur les touches d'un clavier. Et pourtant il existe une relève, tous les jours plus performante. En constante amélioration et en constante évolution. Une relève qui après avoir infructueusement tenté d'introduire une nouvelle pensée de l'informatique tente maintenant de la combiner avec la sempiternelle expérience windowsienne de base pour séduire son public et tenter de dépasser la tête de l'eau et faire peur au chalutier rouillé et couvert amiante qui reste en surface.

Cette relève, c'est le logiciel libre. L'alternative est là et est prête à recevoir petit à petit se nouvelle cible non pas pour remplacer Windows dans sa logique d'immuabilité une fois la médaille d'or conquise. Non. Cette médaille d'or, elle ne l'espère même pas. Elle souhaite juste relancer un mécanisme de concurrence et relancer les fouilles pour trouver le corps de la défunte innovation. Car s'il est vrai qu'elle a disparu, l'absence de tout cadavre peut encore laisser un espoir : celui de la survie. Les proches de la victime ne perdent pas espoir et continuent les recherches de leur côté...