Que deviendront les médias en 2028 ? 1/2
Ce billet est le premier d'une série de deux... Vous pouvez retrouver la seconde partie ici même.
Le grand bouleversement a déjà commencé puisque les médias d'hier passent petit à petit la main aux médias d'aujourd'hui qui prônent l'interactivité avec le spectateur et la multiplicité du choix à la fois des contenus, de leur forme mais également de leur support. Au terme de cette période de transition déjà bien amorcée, il résultera quelque chose de nouveau qui bouleversera encore plus les usages. Que se passera-t-il dans vingt ans ? Difficile à dire précisément, mais il est par contre possible de tenter de déterminer les virages que prendrons les anciens médias à court et moyen termes pour tenter de subsister. Je joue le jeu et réponds aux 25 questions mises en ligne par Guillaume Frat pour donner ma vision du futur de l'information quelle qu'elle soit dans un futur plus ou moins proche. Accrochez vous, le futur nous attend !
TELEVISION
1) Sur quel support regardera-t-on la télé en 2028 ?
Je ne pense pas que la télévision restera telle qu'on peut l'entendre à ce jour. L'écran au milieu du salon perdurera certes, mais ne diffusera plus uniquement le type de contenu que l'on peut y voir actuellement. Alors que les produits comme Joost n'ont à mon sens pas leur place sur nos PC à l'heure actuelle puisqu'ils ne répondent pas réellement à un besoin existant, la télévision interactive et à la carte peut se montrer de plus en plus intéressante. Les horaires n'existeront plus que sous la forme d'heures fixes de publication, de mise en ligne du contenu multimédia et les contraintes mieux que de différer les contenus comme nous pouvons déjà le faire actuellement, nous pourrons décider de les regarder quand bon nous semble, à la manière des podcasts d'aujourd'hui et ce pour tout type de contenu.
2) Quels seront les programmes les plus diffusés dans 20 ans à la télé ?
La multiplicité des programmes rendra leur popularité très difficile à mesurer à une échelle globale. Je pense que le succès se matérialisera par une grande audience relative sur une marché de niche puisque chacun aura accès aux programmes qui sont adaptés à ses centres d'intérêts. Malgré tout, je ne pense pas que les goûts des gens évolueront beaucoup en ce qui concerne les programmes à grande audience. En effet, si les les audiences vont se répartir sur une quantité invraisemblable de contenus, cela n'empêchera pas de voir émerger des contenus qui se focalisent sur des centres d'intérêts communs, comme il est possible de le voir aujourd'hui sur des plate-formes du type Youtube ou Dailymotion.
3) Quel sera l’avenir des chaînes publiques ?
Les chaînes publiques auront une dimension beaucoup moins importante que celle qu'elles peuvent avoir aujourd'hui et ne retransmettront pour la plus grande part que des contenus informatifs. Ne vous attendez pas à voir disparaître de si tôt les engueulades du mercredi après-midi à l'Assemblée Nationale de votre poste de télévision ou de son successeur. Les antennes locales pourront également renaître de leurs cendres en proposant à disposition du contenu adapté à votre localisation mais aussi à des paramètres préalablement choisis : ne soyez plus coupé de l'actualité de votre région même lorsque vous êtes en vacances à 800 km de chez vous !
4) Tf1 dans 20 ans sera…
...un des majeurs producteurs et diffuseurs de contenus. Il produiront tout un panel de contenus tous aussi variés les uns que les autres et les mettront à disposition sur cette nouvelle version de la télé "à la carte". Ni la télé-réalité, ni les séries américaines ne seront épargnées puisqu'au final il faudra qu'ils adaptent leur mode de diffusion à ce nouveau média sans pour autant perdre l'audience qu'ils avaient avant ce bouleversement. Il serait même peu étonnant de voir le champ d'action de TF1 s'agrandir puisque les contenus ne se limiteraient plus à une diffusion sur 24h mais au temps final de la somme des contenus sélectionnés par le téléspectateur qui en deviendra ainsi également acteur.
5) Si vous deviez parier sur une chaîne de la TNT, sur laquelle parieriez-vous ?
Je ne parierais pas sur la TNT qui n'est à mon sens qu'une étape de transition vers ce nouveau type de télévision qui tend vers la multiplicité des contenus. On offre toujours plus de contenus gratuits à l'utilisateur qui fait son choix, pour le moment lié à aux heures de publication. Au final , les programmes de la TNT resteront, probablement distribués par de plus grands groupes, mais la notion de chaîne disparaîtra au même titre que la TNT au profit de sortes de "playlists".
6) Quels seront les grands investisseurs de la télévision de demain en France ?
Les investisseurs d'aujourd'hui resteront ceux de demain s'ils arrivent à prendre à temps le virage serré qui a été amorcé. Leur survie n'est pas remise en question puisque le modèle publicitaire peut, grâce à la diffusion de spots sur un contenu ciblé de courte et moyenne durée, rapporter encore plus gros que ce qu'elle rapporte aujourd'hui. Reste pour eux à savoir aller de l'avant et ne pas essayer de stopper le temps puisqu'ils n'arriveront en fin de compte qu'à le ralentir un instant.
PRESSE
1) Quel sera le support de la presse en 2028 ?
Le papier ne disparaîtra certainement pas, mais de son côté, la presse numérique va évoluer en proposant des contenus numérisés sur le web ou même pourquoi pas par mail ou sur votre téléphone portable. La presse deviendra multimédia et multi-support puisque sa vocation première est d'être lue là où vous le décidez. Là encore, ce sera plutôt l'évolution des technologies qui déterminera le support de la presse mais son caractère numérique en complément ou non du tirage papier prendra des proportions beaucoup plus grande qu'aujourd'hui.
2) Quel est le premier quotidien qui disparaîtra dans le 20 ans qui viennent ?
Difficile de pronostiquer la mort d'un journal sachant qu'il n'est jamais trop tard pour le faire revivre dans un ultime souffle d'inventivité. Je ne me risquerai donc pas à ce jeu.
3) Quels seront les journaux qui feront le plus de bénéfices dans 20 ans ?
Ceux qui ont compris le Web et son fonctionnement semblent bien partis pour amorcer l'ère de la presse multi-plate-formes et multi-média et s'ils évoluent rapidement, peut-être arriveront-ils à conserver leur lectorat. Sinon, la presse spécialisée disponible aujourd'hui sur le Web va semble la mieux placée pour s'adapter à ces changements et ainsi prendre de vitesse les mastodontes de la presse papier qui seraient difficile à bouger. Il ne se priveront donc pas de se tailler la part du lion dans des bénéfices publicitaires de plus en plus adaptés aux nouveaux types de contenus et de supports.
4) Quel rôle le lecteur jouera-t-il dans les transformations de la presse dans 20 ans ?
Ce ne sont pas les lecteurs directement mais plutôt les habitudes du lecteur, qui consommera de l'information et des contenus télévisuels à volonté, qui détermineront la direction que la presse devra prendre. Difficile alors de dire si le lecteur préférera fabriquer sa presser à partir de briques à assembler comment le proposent déjà les RSS ou encore avoir du contenu plus ou moins ciblé qui lui sera proposé mais qui pourra ne pas lui convenir totalement. La manière de consommer la presse sera différente en fonction des personnes à qui on proposera autant de solutions pour assouvir leurs besoins.
5) Comment évoluera la figure du journaliste dans 20 ans ?
Le journalisme d'investigation n'est pas mort, loin de là. Si les journalistes effectueront un travail toujours aussi important et qu'il évoluera somme toute peu, puisqu'il n'existe à ce jour pas cinquante façons de produire de l'information, ce sera le format de l'information produite qui évoluera en même temps que la presse deviendra multimédia. Ainsi, les journalistes seront aussi bien amenés à rédiger des articles qu'à enregistrer l'information sous format audio ou vidéo. Le journaliste de demain sera avant tout polyvalent.
Commentaires
Concernant la télévision, je trouve que ta description ne prend pas assez en compte le plaisir de l'utilisateur. C'est intéressant d'avoir des tonnes de contenu sous la main mais pour moi ça manque de charme, on met de côté la notion de plaisir.
Par exemple pour les séries, c'est super agréable d'en avoir un morceau chaque jour ou chaque semaine, ça crée une ambiance d'attente, de suspens et au final je pense qu'on apprécie plus ce qu'on regarde. Je ne suis pas forcément attiré par un gavage de programmes. Je préférerai avoir peu de programmes de qualité plutôt que des tonnes de programmes approximatifs. Enfin voilà, je trouve que le contenu à la demande manque de charme... ^^
En ce qui concerne la presse papier, je pense que le métier de journaliste est en train de perdre de son prestige, je n'ai aucune idée de la manière dont ça va évoluer mais c'est sur qu'il va falloir du renouveau. Les journaux gratuits vont sans doute continuer à se développer.
Clément > Ma vision de la télévision ne délaisse pas le plaisir de l'attente puisqu'au final, la mise à disposition du contenu se fera régulièrement. Par exemple, un canal de diffusion pourra mettre à jour le "flux" d'une série une fois par semaine. La multiplicité du contenu n'inclut pas l'immédiateté de sa publication puisqu'au final, pour garder des fortes audiences à des heures ou moments stratégiques, il faudra faire des publications exceptionnelles ou/et événementielles. Nul part je ne parle de gavage mais plutôt de ciblage du contenu. Il ne s'agit pas de contenu à la demande comme comme pour la VOD, mais de la disponibilité du contenu après sa publication, pour une durée limitée ou non en fonction des contrats entre producteurs et diffuseurs.
Le métier de journaliste n'a plus le même préstige qu'avant à cause de la presse qui n'arrive pas à redorer son blason face à un désintérêt de plus en plus grand pour le format papier. C'est là que, selon moi, la multiplicité des formats et des supports devient nécessaire pour étendre le champ d'action de la presse traditionnelle. La crise des journalistes aujourd'hui est également dû à une crise du contenu : pour faire vendre, il faut de l'extravagant, de la "pipolisation", du sensationnel, terrain glissant pour le journaliste qui, d'une part, n'a pas choisi de faire son métier pour créer ce genre de contenus et qui d'autre part ne maîtrise plus sa ligne éditoriale guidée par des chiffres de vente croissants dus à cette pratique douteuse.
Que voila un article fort intéressant, ma foi.
Je ne puis que m'interroger cependant sur ta vision d'un journaliste effectuant un métier peu ou prou différent d'aujourd'hui. Les "journalistes d'investigations" des grands quotidiens nationaux vont-ils continuer à recopier les brèves et articles de Reuters, AFP et consorts ? A moins qu'ils ne récupèrent un véritable emploi journalistique qui, à la différence de la tendance qui se profile de plus en plus dans le milieu de la presse, les conduisent à faire du travail d'information au lieu que de simple transmission d'infos recueillies (avec le professionalisme que l'on sait) par de grandes entreprises "d'investigation journalistique" ?
En un mot comme en cent, les journalistes ne retrouveront-ils pas grâce à la démultiplication des supports d'information une certaine propension au journalisme, laquelle en est même venue à être bannie des écoles de journalisme (ben vi, on ne va tout de même pas payer des clopinettes - les ventes de journaux baissent, les salaires suivent - des individus intègrent et soucieux de l'éthique journalistque pour faire un vrai travail d'investigation) ?
Funram > Pour tout te dire, ma vision du journalisme dépasse le domaine de du recopiage et l'enrobage de dépêches AFP. Cette vision du journalisme est entrain de se prendre les pieds dans le tapis puisque la moindre faute est désormais relevée sur les blogs et autres médias que je qualifierai de "citoyens", avec pour exemple flagrant le cas du président autoproclamé de Facebook, affaire qui a usé plus d'un clavier pour au final voir un revirement magistral s'effectuer du côté des journalistes qui n'avaient fait aucun travail d'investigation. Certes, les signes d'un revirement des lecteurs à l'encontre des journalistes peu consciencieux ne sont pour l'instant qu'isolés, mais il s'agit là des prémices d'un nouveau mouvement contestataire qui va contraindre les journalistes à revenir à leur vocation première qu'est la création d'information via un travail d'investigation. Ce n'est d'ailleurs qu'en agissant ainsi que la profession peut redorer son blason.
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