Les mathématiques ne donnent pas que de l'urticaire...
Aujourd'hui je voulais rompre ce long silence bloguesque qui sévit depuis dix jours maintenant. Aucun sujet ne m'a inspiré plus que les mathématiques, science exacte par excellence si il en est, qui, parait-il, hérisserait les cheveux de beaucoup d'entre nous, mais qui reste pourtant si magnifique. Quoi de plus bizarre qu'une ode aux mathématiques ? Pourtant, il y a bien des aspects de cette matière qui peuvent être attracteurs. Ce sont ces derniers que je vous propose de découvrir ensemble...
Il est commun de dire que l'on a jamais vraiment fait de mathématiques avant la prépa et c'est dans ce sens que j'irai également dans ces lignes. Oserais-je donc renier Thalès, Pythagore et autres Euclide dont les théorème sont plus qu'usités dans les études primaires et secondaires ? Il ne s'agit pas de les renier mais plutôt de rétablir la vérité : loin d'être des mathématiques, ce ne sont que des théorèmes et élever leur énoncé au rang de la matière tient plutôt de la synecdoque.
La noblesse de cette science provient de sa rigueur qui n'est que trop peu (si ce n'est pas) enseignée dans le secondaire. Cette rigueur est capitale dans l'assemblage des théorèmes, propriétés et définitions qui, brique par brique, permettent de construire un mur solide dont la cohérence et la rigueur sont le mortier. En mathématiques, tout se démontre, de la propriété la plus insignifiante au théorème le plus complexe. Cette ensemble comporte de nombreux liens qui pourraient être assimilés aux nombreuses poutrelles de la tour Eiffel, permettant ainsi de rejoindre le même boulon par de nombreux chemins, tous plus intéressants les uns que les autres.
Je parie que si je me mets à parler d'isomorphisme ou d'inégalité de Taylor-Lagrange, je vais perdre plus d'un de mes lecteurs en route, alors tentons d'aborder les choses différemment. Si je vous parle de Lego, il y a de fortes chances que cela vous remémore de longs moments à assembler des briques ensemble de manière à construire ce que vous dictait votre imaginaire... Si vous aimiez les légos, vous aimerez les mathématiques. Matérialisons les théorèmes par des sets de légos et les propriétés par les assemblages de briques qui les composent. Quant à la rigueur, il s'agit des dimensions des briques fournies que vous ne pouvez modifier sans aucun prétexte puisqu'elles ont été moulées de cette manière par des définitions.
Si longtemps vous avez appris à souffler lorsque vous trouviez les dimensions en centimètre du côté de ce triangle si singulier et à en éprouver une entière satisfaction, imaginez celle qui est associé à la démonstration réussie d'un théorème beaucoup plus général qui permet, cette fois ci, non pas de ne caractériser qu'un unique côté d'un triangle spécifique, mais tous les côtés de triangles quelconques. C'est la magie de la théorie qui ne peut s'appliquer qu'à l'aide de cette rigueur dont je parle tant.
Les applications ne deviennent que des détails, l'abstraction devient reine et devant vous, tout s'éclaire au fur et à mesure de l'assimilation de ce nouveau langage. Oui, les mathématiques sont un langage qui permet de formaliser des idées et concepts, tels les mots qui formalisent une pensée ou une opinion. La capacité d'atteindre un niveau d'abstraction de ce type ne peut s'expliquer que part la présence d'un grand génie en l'homme qui est capable du pire comme du meilleur. Les mathématiques font partie de ce que l'homme a fait de mieux dans son règne animal...
Commentaires
J'ai toujours aimé les légos, pourtant j'ai pas pu faire autrement que lacher les maths quelques mois après l'entrée en prépa (bcpst en plus!)
Y'a un moment où il faut trop de rigueur et d'abstraction et où on finit par lacher. Heureusement, y'en a pour qui ce niveau se situe très haut!
Bien qu'étant encore étudiant au lycée (BAC), et donc je ne suis pas sensé étudier les "vrais" mathématiques selon ton article, j'adore cette science.
Elle me fascine de plus en plus, sa rigueur, sa logique, le fait que tout soit démontrable et la joie qui vous prends lorsque vous arrivez à assimiler correctement ou démontrer un théorème.
> Les applications ne deviennent que des détails,
> l'abstraction devient reine et devant vous
J'ai longtemps pensé cela moi aussi, mais je pense maintenant qu'il existe (entre autre en informatique) des applications qui éclairent les objets que tu utilises, et qui ont donc une valeur précieuse.
Par exemple (dans l'idée) je ne sais pas si on peut s'intéresser au concept abstrait qu'est un groupe si on n'a pas vu, ou si on n'en profite pas pour voir les nombres relatifs, les bijections d'un ensemble dans lui-même, ou même une application en théorie de l'information, en physique ou je ne sais quoi d'autre.
D'autre part, une application peut aussi te permettre de "solidifier" une abstraction, dans le sens où elle transforme une définition comme relation entre éléments déjà connu en un unique objet bien visualisable, bien manipulable. Si on définit une fonction d'un ensemble vers un autre comme un graphe aux propriétés particulière, sans te donner d'exemple, tu peux passer longtemps à voir une fonction comme un assemblage hétéroclite d'éléments dans un ensemble (graphe). Une fois que tu as des exemples de fonction en tête, ou même des images de "graphe de fonction" (de R dans R par exemple), tu commences à concevoir la fonction comme un objet en elle-même, que tu peux tripoter avec familiarité et même utiliser pour construire des couches d'abstraction supplémentaires.
Les applications jouent donc un rôle majeur en mathématiques. En ce sens on pourrait même penser qu'elles sont un peu analogues aux "expériences" dans les sciences expérimentales, qui confirment (ou pas) une théorie : c'est avant tout par ses applications que tu pourras juger de la flexibilté, de l'utilité d'une définition ou d'un théorème.
Moi, ce qui me fascine, ce sont les "mathématiques fondamentales appliquées"; une branche de choix, à l'intérieur de cette catégorisation personnelle des mathématiques, est l'"informatique théorique".
> il y a bien des aspects de cette matière qui peuvent être
> attracteurs
Vous avez dit "attracteurs" ? Comme c'est étrange
Silence bloguesque de dix jours... tu nous avait tellement manqué !
(ou pas)
Ginko > La rigueur c'est une chose qui s'apprend et même si l'on lâche à un moment, il faut réussir à tenir et reprendre les choses en main rapidement pour éviter d'être totalement largué. Mais c'est effectivement plus facile à dire qu'à faire.
B.Moncef > Si tu te destines à des études supérieures, tu verras que ce que tu vois actuellement n'est pas comparable à ce que l'on peut étudier après. Cependant, c'est une étape obligatoire. Du moins on le pense aujourd'hui alors qu'autre fois il en était autrement : mon prof de maths m'a expliqué qu'il avait entendu parlé d'espace vectoriel, de groupe et d'anneau dès sa 4e, tandis que ce n'est plus enseigné avant les études universitaires de nos jours.
bluestorm > Je ne remise pas du tout les applications au second plan puisqu'elles sont nécessaires, du moins à la conjecture si ce n'est à la compréhension de la théorie. C'était juste une image que je donnais qui ne rend peut-être pas forcément compte de la réalité.
Pile Holà > Voilà un lapsus plus ou moins révélateur quoi qu'il ne soit pas dénué de sens.
dfbk > Je sais que beaucoup de personnes ne font que vivoter en attendant mes notes dont ils se nourrissent, comme ils se nourriraient des bonnes paroles délivrées par le messie. Oui, c'est cela, je ne suis qu'un messie.
Très bel hommage aux mathématiques que celui-ci. J'étais plutôt bon en math au collège et au lycée, j'adorais cette matière. Le problème c'est qu'elle est doublement dépendante du socle de connaissance que l'on s'est constitué très tôt au collège, ainsi que de la qualité des enseignants. Les deux étant souvent liés. J'ai connu des enseignants résignés qui faisaient leur cours machinalement sans aucun intérêt, d'autres pétillants qui nous faisaient voir les maths sous un angle différent.
Finalement j'ai pris un tournant différent, tout en restant dans les sciences, beaucoup moins exactes cette fois-ci et très aléatoires (bien déroutant au début) de la médecine. Mais si j'avais plusieurs vies, je me replongerais volontiers dans les maths
J'avais lu il y a des années un article passionnant sur La Recherche, expliquant que le fonctionnement de l'univers tout entier pouvait se résumer à quelques théorèmes, simples qui plus est. Si ce n'est pas la preuve que les maths sont d'un intérêt infini, qu'est ce qu'il faut
Matthieu > Le goût de l'apprentissage et de la découverte, en sciences comme dans tout autre domaine, est un feu qui prend toute son ampleur sous l'effet d'une étincelle produite par un mentor, qu'il s'agisse d'un professeur ou d'un expert de tout poil. Cette étincelle, tout le monde n'est malheureusement pas capable de la produire mais tout le monde n'est pas non plus capable d'en tirer du feu (surtout s'il est mal entretenu derrière, c'est à dire si l'on ne met plus de bois dedans en ne fournissant pas un effort derrière d'assimilation). C'est là toute la subtilité de l'enseignement.
La médecine est une branche très noble des sciences également mais qui me convient moins parce qu'elle nécessite une grande capacité de mémorisation que je n'ai (malheureusement) pas. En tout cas, elle nécessite beaucoup de travail et je te souhaite bonne chance et bon courage ainsi que de réussir dans cette voie.
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