Vingt-trois novembre : premiers flocons de l'année. De quoi égayer un peu cette période assez morne qui annonce la fin de l'automne et l'arrivée des gelées. Enfin presque, si l'on tient compte du fait que je me fais virer de chez moi par une mère affolée et quasi-hystérique à l'idée que je sois sur les routes par un temps pareil. Je pars donc rejoindre Reims sur le champ pour une nouvelle semaine.

Les semaines s'enchaînent et se ressemblent (Maths - Physique - Maths - Physique - Maths - ha, un peu de SI !). Les nuits sont toujours aussi courtes et la course contre le temps semble interminable. Plus de connectivité ces derniers temps par un autre moyen que mon smartphone, ce qui fait les mails et la télévision (rallumée pour la première fois depuis deux ans pour l'occasion) sont mes seuls liens quotidiens avec le monde extérieur.

Une passion de plus en plus prononcée pour les maths peine à cacher les difficultés éprouvées en physique. Il faut que je réagisse et vite : les concours arrivent dans six mois à peine et le retard commence à s'accumuler. Une envie de plus en plus prononcée de se changer les idées surgit peu à peu mais sans la possibilité de la réaliser.

Il faudrait déconnecter, mais c'est relativement difficile : la prépa vous transforme, vous déforme et vous habite : vous vous surprenez à parler de thermo-chimie en regardant le glaçon fondre dans votre verre à l'heure du pastis, le moindre problème qui s'offre à vous n'apparait à votre esprit sous une autre forme que celle d'équations... On en arrive même à se faire peur à soi-même.

Pas forcément évident d'être taupin : il s'agit d'un sacrifice qui est cependant nécessaire pour la suite et j'en suis pleinement conscient. Donner le meilleur de soi pour aboutir à une situation confortable pour faire avaler leur langue à ceux qui brandissent la théorie du déterminisme social : oui on peut s'en sortir, devenir qui l'on veut et peu importe son origine, pour le peu qu'on s'en donne la peine. Le plus dur étant non pas d'avoir cette volonté, mais de la garder dans les moments les plus difficiles.