Voyez vous, le principal problème est que lorsque nos "dirigeants" annoncent en grande pompe prendre le problème du piratage à bras le corps, c'est qu'ils ont une vision biaisée d'une réalité changeante, à un point tel qu'il leur est impossible de suivre ses rapides évolutions successives. Il faute tenir compte d'un environnement aux données progressivement et constamment variables qui, lorsque l'on sait le décrypter, donne accès à un bilan totalement différent de celui qui est fait actuellement.

HADOPI - Le Net en France : black-out

Le téléchargement illégal, mais également toutes les autres formes de piratage, actuellement perçu par les jeunes générations comme une forme d'échange culturel est entré dans les moeurs. Et comme chacun sait, il est très difficile voire impossible de faire changer des habitudes déjà bien ancrées. Il s'agit d'une liberté que les nouvelles générations se sont octroyées (à tort ou à raison selon les points de vues) et tout discours à l'encontre de celle-ci pourrait être considéré comme liberticide : ainsi toute mesure trop restrictive pourrait mal passer et conduire tout droit à des soulèvements ou tout du moins à des sanctions d'ordre politique.

L'éradication du piratage dans le langage quotidien ne pourra faire s'affranchir les jeunes de la soif de culture qu'ils ont assouvi tout au long de ces dernières années. Les échanges continueront à se faire, et ce quels qu'en soient le prix et les moyens à déployer. Tous les experts s'accordent à dire que les réseaux d'échanges privés qui commencent à faire surface aujourd'hui deviendront plus denses et organisés. Il ne s'agira plus d'un simple échange entre amis, mais bel et bien d'une industrie parallèle à la grande distribution qui se targuera d'offrir la culture à qui de droit.

Mais au delà de la réponse néfaste de la part de cette jeune génération de technophiles ignorés, ce sont les enjeux de ces échanges culturels pour les industries du disque et du cinéma qui sont ignorés. En effet, des études ont prouvées que les jeunes consomment peu de produits culturels à cause de leur prix élevé par rapport à leurs revenus. Tandis que concernant la génération active, il a été prouvé que ce nouveau mode de consommation les a conduit à faire de nouvelles découvertes sans pour autant les faire renoncer à acheter les produits associés, bien au contraire.

Le piratage, comme se plaisent à l'appeler les distributeurs, est un nouveau mode de consommation qui est bien installé, ne leur en déplaise. A eux de comprendre qu'il serait plus aisé et plus profitable d'en faire leur allié en développant une économie nouvelle et parallèle autour de ces nouveaux usages que de leur déclarer la guerre. Mais je doute qu'ils soient prêts à se remettre en question aussi facilement.

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