Et pis vlà on nous instaura des quotas...
C’est au détour d’une application Android, dont je salue par cette même occasion la réalisation, que je suis tombé sur un article du Monde concernant des probables quotas de boursiers imposés aux Grandes Ecoles membres de la CGE. Intrigué, j’ai décidé d’en savoir plus en lisant la totalité de l’article. Pour une fois je n’en ai pas contre le journaliste qui a rédigé l’article mais plutôt contre le ramassis de conneries que l’on peut y lire et ce, dans l’argumentaire des deux partis.
Ainsi je me permettrais d’énoncer une vérité générale : les boursiers qui, je me permet de le mentionner, ne disposent pas d’un QI plus limité que la moyenne, n’ont pas besoin qu’on diminue le niveau des concours d’entrée aux Grandes Ecoles pour avoir une chance d’y rentrer. Dieu merci, en France nous avons la chance d’avoir un cursus scolaire homogénéisé et basé sur l’égalité des chances.
Laissez-moi vous conter une histoire… Il y a encore un an de ça, j’étais en CPGE (prépa ou taupe pour les intimes). Issu d’une famille moyenne, dont l’éducation des parents n’a jamais excédé le bac et dont le revenu moyen est très moyen dans laquelle je n’ai jamais manqué de rien sans ne jamais avoir vécu dans l’opulence, ce n’est que lors de la réforme boursière de février dernier que j’ai été déclaré boursier à l’échelon zéro.
Ce statut ne me donne pas droit aux aides financières du gouvernement, mais simplement (et c’est déjà beaucoup) à l’exonération des frais de scolarité et de sécurité sociale. Ainsi, ma scolarité à l’ENSEIRB-MATMECA ne me coûte que quelques dizaines d’euros par an. Ma scolarité en classes prépa ne m’a guère coûté plus cher et s’est révélée tout du moins aussi coûteuse que la scolarité que j’ai pu suivre dans mon petit lycée public de province.
L’accès à certaines formes de culture qui ne sont pas accessible pécuniairement par certaines personnes peut certes favoriser l’ouverture d’esprit et enrichir la culture générale. Son absence peut probablement se révéler être handicapante dans le cas où l’on souhaite intégrer l’une des écoles les plus prestigieuses de France, telle Polytechniques (l’X pour les intimes) ou encores les Mines ou Centrale Paris, mais la Commission des Grandes Ecoles représente également une toute autre catégorie d’écoles (celles comptant pour la majorité de ses membres) pour lesquelles cela ne constitue pas un frein.
Dire qu’il n’existe aucune embuche à l’intégration d’une Grande Ecole par les personnes moins aisées serait faux. N’étant pas encore déclaré boursier, j’ai du m’affranchir du prix des concours à hauteur de 700€ (après une sélection difficile et limitée par le coût total des frais engendrés). Une fois accepté aux écrits, j’ai dû me déplacer sur Paris et m’y loger pendant plusieurs jours pour y passer mes oraux, encore une fois à mes frais. Une fois l’école intégrée, reste à trouver un logement et à s’installer dans une ville étudiante totalement inconnue, avec les frais que cela comporte…
Bref, s’il y a quelque chose qui doit être remanié dans ce système, ce n’est pas l’épreuve d’accès aux Grandes Ecoles pour lesquelles la prépa est censée nous préparer et ce, de manière identique, que l’on soit ou non boursier. Le plus grand écueil auquel on puisse faire face est dû au manque d’accompagnement et d’assistance pour tous les frais annexes qui semblent minimes, mais qui mis bout à bout représentent une somme ma foi conséquente.
Enfin, pour augmenter le nombre d’élèves boursiers en école d’ingénieur, il faut communiquer sur le coût réel de ces études souvent à tort considéré comme extravagant et essayer d’abaisser au minimum les barrières financières restantes. Personnellement, je sais que si je n’avais pas eu un jour l’occasion de faire les bonnes rencontres au bon moment, ni moi, ni mes parents ne se seraient aventurés à imaginer un jour de telles études. Non seulement la prépa est considérée comme non-diplômante et à l’issue incertaine pour des parents qui souhaitent mettre entre les mains de leur enfant un métier stable et sûr, mais ces études sont également considérées comme étant très coûteuses.
L’instauration d’une méthode de recrutement "à deux vitesses" ne pallierait non seulement pas à ces problèmes, mais dévaloriserait certainement le diplôme que nous nous apprêtons à obtenir. La baisse de niveau dont ont peur les Grandes Ecoles est dors et déjà effective et visible dans les prépa (les plus élitistes mises à part) ce qui, chaque année, conduit à un aménagement du barème de notation des épreuves. Elle est générale et directement liée à la baisse globale de niveau de l’enseignement secondaire, aucunement à l’origine sociale des élèves. Mais merci pour eux, les élèves, qu’ils soient boursiers ou non, on la même capacité de résolution d’équations de maths à n dimensions : elles restent pour tous deux passablement insolubles.
Commentaires
Le problème se retrouve à l’entrée des lycée. Sur Paris, on a un système de points pour avoir le lycée de notre choix. Résultat scolaires, engagement, mais aussi… boursier? (à la hauteur de 50 points, ce qui n’est pas négligeable). J’ai du être accepté de justesse dans mon lycée, alors que 50 points en moins à tous les boursiers m’auraient donné plus de marge. Juste ? Je ne pense pas. Je pense que les boursiers ne méritent pas plus qu’une bourse. On ne parle pas d’handicapés mentaux ou de population en voie d’intégration, mais de personnes aux revenus limités et pour lesquelles les frais de scolarité sont un poids.
Je rajouterais que la prépa est plus égalitaire que la fac, vu qu’il n’y a aucun frais d’inscription à payer si on ne veut pas s’inscrire en Licence en plus.
Et ce que dit le directeur de Audencia: au niveau Bac+5, quel que soit la formation on a <s>les mêmes chances d’avoir un boulot</s> le même pourcentage de boursiers !
(et sinon c’est la conférence des grandes écoles, pas la commission…)
plebraly > On est bien d’accord sur ce point.
dieppeman > Je ne suis pas apte à comparer avec la fac, je ne sais pas comment ça marche. En tout cas, la prépa est très égalitaire, en effet.
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