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Tribulations d'un geek...

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Keyword - Firefox 3

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3 juin 2008

Mozilla et le marketing font-ils bon ménage ? (suite et fin)

Il semblerait que le billet posté dans la nuit de dimanche à lundi n'ait pas fait l'unanimité, et pour cause : je pense qu'il a été mal compris. Après un entretient téléphonique d'une demi-heure avec Tristan Nitot cet après-midi, il me semble nécessaire de rectifier ce billet avec les précisions et rectifications que ce dernier m'a apporté ainsi que de préciser ma position face au Download Day.

Première erreur de ma part, le précédent billet aurait dû être lu et écrit au conditionnel : cet évènement mène selon moi à deux issues selon la manière dont il est géré. Comment savoir à quel point cet évènement a été préparé ? C'est là tout le problème puisque cette même ignorance a déclenché l'écriture de ce billet. Bien évidemment, je suis un libriste convaincu et je défends les mêmes valeurs que celles colportées par la Mozilla Foundation. Loin de moi donc l'idée d'incendier la fondation que je soutiens depuis maintenant plusieurs années. Comme je l'ai précisé par ailleurs, ce record est une formidable occasion de faire connaître Firefox (et par ce biais, le logiciel libre) à une nouvelle cible d'utilisateurs. En cela, je supporte cette initiative qui est d'ailleurs des plus originales.

Mais (car il y a bel et bien un "mais"), ce furent les possibles conséquences d'une action marketing de ce type que je redoutais. J'emploie ici le passé puisque Tristan a réussi à me convaincre (ou me persuader, diront à tort les mauvaises langues) que la Fondation Mozilla est prête à relever ce défi technique auquel ils auront à faire face le jour J.

Mozilla possède donc deux datacenters, un à St Jose et un autre à Amsterdam, qui furent capables d'absorber près de 1,6 millions de téléchargements en 24h l'année dernière. Ainsi, les seuls ralentissements causés pas l'utilisation de Firefox 2 lors de la sortie furent simplement dus au téléchargement du filtre anti-phishing intégré dans ce navigateur (près de 50mo à télécharger). La mise à jour de la version 2 à la version 3 du navigateur n'entraînera qu'une simple mise à jour de la base de données, dont l'occupation de la bande passante sera paramétrable donc peu gênant pour l'utilisateur. Le directeur de Mozilla Europe estime qu'après que certains aient réussi à assurer la mise à disposition de distributions linux telles Ubuntu sur leurs miroirs, ce ne sont pas les quelques mégaoctets de Firefox qui poseront problème.

Ensuite, l'argument de la surconsommation énergétique était, je le confesse, une aberration de ma part. De plus, le Guinessbook of Records dispose, semblerait-il, de personnes des plus qualifiés pour mener à bien leur tâche de validation du record. Les téléchargements frauduleux aisément repérables au niveau des logs seront décompté du total des téléchargements lorsque ces logs seront épluchés. Bref, Mozilla est très confiant face au succès du Download Day et à son déroulement.

A nouveau, je souhaite que tout se passe bien lors de cet évènement, et pour tout dire, cela semble prévu pour. Si Mozilla réussit son coup, ce sera vraiment une chance pour Firefox de se faire connaître du grand public et tant mieux. Je ne peux cependant que regretter le manque de communication concernant l'organisation interne en vue du Download Day qui m'aurait empêché, tout comme quelques autres, de d'émettre des suppositions en faveur d'un scenario catastrophe qui n'ont à priori pas lieu d'être.

Merci toutefois à Tristan Nitot de m'avoir contacté pour faire le point sur cette affaire et ainsi de permettre de rétablir la vérité sur certains points injustement critiqués dans mon précédent billet.

PS: Ce billet manque de liens et d'emphases : ils seront rajoutés ce week-end. Pour l'instant, je me contente de signer les ampoules que je me suis faites en tapant ce message sur le clavier de mon smartphone. :-)

Edit du 8 Juin : Correction de fautes d'orthographes et ajout de quelques liens.

2 juin 2008

Mozilla et le marketing font-ils bon ménage ?

Cette question arrive en même temps que la version 3 du navigateur phare de l'organisation à but non lucratif, j'ai nommé Firefox. Pour le lancement de cette version 3 prévu pour une date qui sera, comme d'habitude, annoncée "lorsque ce sera prêt", Mozilla a décidé de voir les choses en grand en organisant l'homologation d'un nouveau record du monde des téléchargements en 24h. Argument commercial s'il en est besoin, cette idée qui peut sembler anodine au premier abord ne sera pas sans conséquences et commence à être sujette à controverses.[1]

Tout d'abord, le premier problème inhérent à ces méthodes de promotions va être la saturation des serveurs et miroirs de la Mozilla Fondation qui ont déjà tendance à chauffer un peu plus que la moyenne lors de la sortie de nouvelles versions de Firefox. A moins que la Mozilla Foundation n'ait grandement améliorée sont architecture serveur pour ce seul jour, cela mènera indubitablement à des pannes matérielles comme logicielles et donc à terme à l'impossibilité de télécharger Firefox 3.

Pire encore, cette saturation induit une surconsommation électrique au niveau des serveurs ce qui, à une ère où on nous scande à tout venant les mots "écologie" et "développement durable" peut-être mal venu. Comme le souligne David de Biologeek, cette saturation assurera la mise en place de dispositifs parallèles par les particuliers pour assurer la distribution de ce logiciel. Or, les sources de ce logiciel étant accessible à tous, il serait facile de les modifier et de profiter de l'opportunité pour mettre à disposition une version vérolée de ce dernier.

Ensuite, à Tristan Nitot de préciser sur son blog que (je cite) Guinnes Book of Records va vérifier la conformité des logs pour valider le record. Soit. Je les vois mal éplucher les milliers voire millions de lignes de logs pour voir si une quelconque anomalie pouvait se cacher dans un des fichiers et je doute même qu'ils soient compétents pour le faire, mais passons. Le danger est là encore que certaines personnes ou plutôt certains geeks en mal de reconnaissance, dans leur élan de sympathie pour la Mozilla Foundation, créent quelques petits scripts assurant en continu le téléchargement du logiciel en faussant ainsi le record et en augmentant également la charge des serveurs.

Malgré tout, le record est un argument fort et plus parlant, pour la plupart des gens, que la sécurité, le support des standards du Web ou même la philosophie libre. Cela peut donc pousser à populariser Firefox sur un marché où plus que s'implanter (ce qui est déjà fort bien fait), il doit désormais se faire connaître du grand public : et en cela, le record est un atout. Est-ce que le prix à payer en vaut cependant la chandelle ? Déjà que le fait d'organiser ce concours pousse une certaine proportion de la communauté du libre à regarder la fondation de travers, puisque ce faisant, ils se rapprochent des techniques commerciales des firmes dont ils combattent la philosophie, les conséquences probables de cette initiative pourraient carrément les détourner de cette solution logicielle.

Entre le scénario catastrophe et le fameuse devise du personnage de Voltaire qui ne cesse de répéter que tout est bien dans le meilleur des mondes, le futur nous dira lequel colle le plus à la réalité et nous amènera à l'une des deux conclusions suivante qui, bien qu'éloignées, sont toutes deux possibles : soit Firefox gagnera en popularité, soit ce sera un échec et Mozilla descendra beaucoup dans l'estime des libristes qui sont les premiers supporters de ce navigateur. En attendant, alea jacta est.

Notes

[1] Ou comment je vais casser les rumeurs disant que le libriste que je suis ne casse du sucre que sur le dos d'Adobe et de Microsoft, même si mes billets de ces dernières semaines vont plutôt dans se sens.

18 novembre 2007

PC Inpact : Titre alléchant, billet sans contenu ni contenance...

Le titre de ce billet résume à peu près tout le fond de ma pensée à propos d'un article de PC INpact intitulé "Firefox 3 : 700 bugs et 20 % corrigés pour la version finale". N'est-ce pas alléchant ? C'est un peu la presse à scandale de l'informatique : imaginez un navigateur désormais populaire, réputé pour sa fiabilité qui inverserait la balance dans sa prochaine version ! Quel scoop ! Enfin, ç'aurait pu en être un si seulement le contenu avait assez de consistance pour argumenter un tant soit peu et justifier ce titre graveleux.

La bêta 1 de Firefox 3.0 n’est pas encore là que l’on sait déjà qu’il devrait rester malheureusement une foule de bugs dans la version finale. Une communication étonnante de la part de Mozilla qui avertit qu’il existe à ce jour 700 bugs bloquants dans le code du navigateur.

Comme il est précisé, la version bêta 1 n'est pas encore là (elle ne devrait plus tarder), il est donc tout à fait normal qu'une version alpha comporte de nombreux bugs. Le contraire serait d'ailleurs très étrange (un produit en cours de développement dispensé de bugs peut-il vraiment exister ?). Communiquer sur l'état du développement de son logiciel n'est pas étonnant, cela s'appelle simplement de la transparence et du travail collaboratif. Il ne faut pas oublier que Mozilla, c'est avant tout une communauté de contributeurs bénévoles !

Un bug bloquant est défini comme suffisamment sérieux pour faire repousser normalement la sortie d’une version finale. Or, Mozilla ne compte pas repousser ladite version en attendant que l’intégralité des problèmes soit corrigée. Les développeurs demandent que les bugs soient triés et classés par priorité.

La réponse de Mozilla est toujours la même lorsque l'on demande pour quand arrivera Firefox 3, et Tristan la manie d'ailleurs avec brio : "Quand ce sera prêt". Dire que Mozilla ne compte pas repousser la version finale est totalement faux puisqu'ils ont tout intérêt, au contraire, à fournir un produit léché et de grande qualité s'ils veulent continuer à gagner des parts de marché et à promouvoir les standards ouverts. Le véritable problème est simplement de pouvoir distinguer les vrais "bugs bloquants" (dits "blockers") des autres qui n'en sont pas mais qui ont été qualifiés à tort comme tel. D'ailleurs, la citation suivante précise bien qu'une ou deux beta supplémentaires pourront être planifiées au besoin.

Juger un produit selon ses phases primaires de développement pour effectuer des prévisions hasardeuses sur la version finale, voilà qui est bien bancal et qui ne rime pour ainsi dire à rien. Mais ce qui me fait rire encore plus jaune, c'est le sous-titre de l'article : C'est du marketing ? Ah non loin de là. J'ai bien lu "marketing" ? Laissez-moi rire ! Depuis quand un simple état des lieux d'une réunion à propos de l'évolution du développement des versions bêta de Firefox 3, qui plus est publié sur un wiki dédié à la communauté, est-il assujetti aux règles du marketing ? Une version bêta n'est pas un produit, c'est un outil pour aboutir à ce produit qui est par définition imparfait, et ce en tout état de cause. Sachez vous en souvenir, et arrêtez d'attendre d'une beta qu'elle soit de la qualité d'une version finale, nom de Zeus !