La question tiraille, elle fait couler beaucoup d'encre et contribue à l'usure prématurée de certains claviers. Faut-il ou non boycotter les Jeux Olympiques pékinois ? Certains approuvent ce mouvement de protestation tandis que d'autres souhaitent dissocier sport et politique. Et à trois jours du début des épreuves, il devient de plus en plus urgent de trancher et de choisir l'une ou l'autre des options, d'où ce billet destiné à exposer mon point de vue.

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Première chose qu'il est bon de savoir, j'adore le sport, quel qu'il soit et j'ai encore une plus grande admiration pour les sports pratiqués à un niveau olympique. Parmi ces sports, il en est un vers lequel mon coeur balance pour la bonne et simple raison que je l'ai pratiqué pendant onze ans : l'escrime. Il est malheureusement très difficile, si ce n'est impossible, de trouver des (re-)diffusions télévisuelles des compétitions d'escrime en dehors de la période des jeux olympiques. C'est donc le seul moment où je peux me poser devant un poste de télévision pour regarder mon sport préféré.

D'un autre côté, je réprouve totalement la politique chinoise et les agissements du gouvernement en terme de censure et d'amputation des libertés. Je suis farouchement opposé à la censure de la presse ou encore au filtrage voire au blocage des informations provenant des pays étrangers. Le plus grand firewall du monde me fait froid dans le dos au même titre que la manipulation de la presse.

Cependant, doit-on mélanger sport et politique ? Le sport véhicule des valeurs qui ne peuvent nous laisser de marbre puisqu'il s'agit d'oublier les différences ethniques, politiques ou sociales de chacun au profit du plaisir du jeu, de la victoire et de l'endomorphine. Plus encore, les grands évènement internationaux favorisent la fibre patriotique et renforcent les liens au sein d'une même nation. Doit-on réellement se priver de tout cela pour des clivages politiques que le sport tente lui-même d'abolir ?

Et pourtant il faut agir contre les abus de certains gouvernements. Nous avons goûté à la liberté depuis notre tendre enfance et nous connaissons son prix, c'est pour quoi il est de notre devoir de libérer les peuples qui ne peuvent pas jouir de ce droit naturel. Et quel autre moyen avons nous à notre échelle que le boycott des JO ? Nous en avons bien peu. D'où l'intérêt de sauter sur l'occasion qui nous permet de nous adresser directement au gouvernement ainsi qu'au peuple chinois.

On peut encore une fois se demander quel serait l'impact réel de tels agissement ? Un impact économique ? J'en doute. Un impact médiatique ? Dans nos pays occidentaux certainement, mais il y a fort à parier que cela ne franchira pas la grande muraille. Un impact politique ? Nous sommes de simples citoyens bien impuissants face à des dirigeants politiques. Quelle que soit l'action menée, si elle est isolée, cela ne semble pas avoir un impact réellement suffisant pour être utile.

Alors cela sert-il à quelque chose de protester ? Peut-être bien, seul l'avenir nous le dira. La somme des agissements individuels peut avoir des conséquences inattendues et d'une ampleur bien plus importante que ce que l'on aurait imaginé au départ. A chacun de choisir son camp, de se positionner et d'agir ou non face à l'injustice. Personne n'a encore LA solution entre ses mains et il reste encore trois jours pour vous faire une opinion quelle qu'elle soit qui, si elle est mûrement réfléchie, sera respectée. Encore trois jours pour se décider : c'est long et court à la fois. On se donne rendez-vous d'ici là ?