Souvenez-vous, c'était en février 2007 : Steve Jobs, le célèbre condensateur d'Apple déclarait dans une lettre ouverte sa position face aux DRM en proposant d'abandonner ce type de mesures de protection. Ce billet des plus racoleurs laissait présager un avenir éclatant pour Apple, l'un des premiers du marché de la vente de musique et de produits multimédia à prendre une telle position. Depuis, nombreux sont les distributeurs de musique en ligne qui proposent tout ou une partie de leur collection en téléchargement payant mais libre de toute mesure de protection.

Cette nouvelle en avait laissé plus d'un perplexe, dont votre serviteur faisait partie : qu'est-ce qui poussait d'un seul coup Steve à faire une telle déclaration, s'attirant par la même occasion les foudres des majors qui refusèrent expressément la proposition du gentleman libérateur avant que certains ne reviennent, quelques mois plus tard, sur leur position ? Steve Jobs était-il plus ouvert qu'on ne le pensait alors ? Etait-il devenu partisan d'une nouvelle philosophie de consommation s'approchant de la position défendue par de plus en plus de consommateurs ? Etait-ce un coup marketing ? La question n'est plus.

Si cette réflexion de Steve Jobs tendait réellement à favoriser la liberté de l'utilisateur, pourquoi ne pas continuer dans cette logique et l'exploiter jusqu'au bout ? Tout simplement parce qu'il est impossible de renier ses idéologies première sur le long terme, aussi antithétiques soient-elles avec ses déclarations. Ainsi, le scandale de la présence de données sur l'acheteur dans les fichiers sans DRM achetés sur iTunes Music Store vint dévoiler en partie la mascarade. Pas de DRM certes, mais pas de liberté totale d'exploitation du fichier acheté non plus, du moins pas de manière anonyme.

Ensuite, vint l'iPhone bien évidemment fermé aux logiciels exterieurs, ce qui, d'une question sécuritaire est bien entendu rassurant, mais qui bloque de nombreuses possibilités d'utilisation : tout un potentiel de consomm'acteurs gâché par l'implémentation d'un système fermé. Bien entendu, il reste les applications Web-based que l'on peut lancer via Safari, mais ça restreint un tout petit peu les possibilités ne pensez-vous pas ? On est loin de l'utilisateur maître de son produit comme il peut l'être sur un ordinateur ou sur n'importe quel smartphone digne de ce nom.

Enfin, la dernière nouvelle à l'ordre du jour est le redesign des iPods de la marque à la pomme croquée. Mais comme un redesign ne vient jamais seul, c'est l'ajout d'un checksum à la bibliothèque des nouveaux baladeurs qui ne permet plus l'utilisation de logiciels tierces autres que iTunes pour synchroniser vos fichiers avec votre ordinateur. L'utilisation d'un autre logiciel entraine le non fonctionnement de l'appareil ou mieux encore, l'obligation de le réinitialiser. Où peut donc bien être la liberté de l'utilisateur dans tout ça ? Je me le demande, et pas qu'un peu...

Apple a donc essayé de feindre une politique axée sur la liberté de ces utilisateurs en faisant une annonce qui aura fait espérer les consommateurs et grincer les majors dans un simple but marketing. Mais comme le dit l'adage, chassez le naturel et il revient au galop. Même si ça n'enlève rien (ou presque), à la qualité des produits de la pomme, mon âme de libriste me dit qu'elle est, à défaut d'être empoisonnée, tout du moins toxique, et que le consommateur y a croqué à pleine dent, les yeux fermés. Je vous le dit, on n'est pas prêts d'être débarrassés de nos chaînes !