Le blog n'est pas le cinquième pouvoir car le blog n'est pas un pouvoir : il n'en n'est que l'expression, ce qui, en soit, n'est déjà pas si mal ! Le blog n'a pas plus de pouvoir que ce qu'il a d'influence, idée faussement propagée par des blogueurs en mal de flatteries sur laquelle vous connaissez déjà mon avis des plus immuables.

Le blog n'est pas le pouvoir mais est le biais par lequel le pouvoir se manifeste. Et si la confusion entre les deux est si fréquente, c'est tout simplement parce qu'un pouvoir ne s'exprime que lorsqu'il en a l'occasion : soit principalement dans la contestation. Or, le blog est le vecteur idéal à la manifestation de ce même pouvoir en cela qu'il rend immédiatement compte de l'opinion personnelle comme collective à un public qui y est attentif puisqu'il s'agit de l'information qu'il cherche à travers la lecture des blogs.

Ainsi, le pouvoir n'est pas le blog en lui même mais le citoyen ou le consommateur qui est acteur du blog. Le blog n'a pas inventé l'influence de masse, les mouvements collectifs ou tous ces types de manifestations qui servent généralement à caractériser son pouvoir : tout cela existait déjà bien avant le blog. Le journal en ligne a juste permis d'accélérer les choses en permettant une réaction spontanée et bien souvent plus libre, car il est bien connu que le pseudo-anonymat du net délie les langues.

Si vous prenez l'exemple de la pub Powéo que vous n'avez pû râter si vous étiez connecté dernièrement : il s'agissait d'une publicité mise en ligne sur internet mettant en jeu Sébastien Chabal qui, pour puiser son énergie, se rechargeait les batteries en mettant les doigts dans une prise. Cette publicité fut jugée (à raison) dangereuse pour les ch'tits n'enfants qui, prenant généralement modèle sur leurs idoles dont le rugbyman fait désormais partie, seraient sujets à répéter ce comportement dangereux.

Cette pub fut certes retirée après seulement trois jours de mise en circulation, après pression auprès de la marque, mais c'est moins grâce aux blogs qui ont appelé au boycott de cette vidéo que grâce au pouvoir du consommateur qui jugeait cette publicité fort mal pensée que cela a été rendu possible. Quoi qu'il en soit, que le blog ait servi ou non d'intermédiaire dans cette histoire, la finalité aurait été la même pour toute entreprise concernée un tant soit peu par l'image qu'elle véhicule, la contestation étant, elle, toujours présente. Si la contestation ne venait pas des consommateurs, la marque n'aurait eu que faire des remarques des blogueurs : après tout, une campagne de pub coûte cher, alors n'imaginons même pas que l'on puisse l'annuler !

Ainsi, laissez crier les blogueurs à la victoire et à la suprématie du pouvoir des blogs après avoir obtenu satisfaction sur cette affaire n'a aucun sens. Autant il est indéniable que le blog a permis d'accélérer le délai de réaction de l'entreprise par rapport au bruit qui s'est très vite propagé, autant on ne peut assimiler cette rapidité au pouvoir des blogs. Tout au plus, il s'agit d'une caractéristique liée à l'emploi de ce média pour affirmer le pouvoir qui est le notre, citoyens et consommateurs, mais loin de créer ce pouvoir, ce média le véhicule uniquement et en permet une expression plus aisée.