Voilà encore que l'on nous assomme, comme chaque année depuis maintenant quelques temps, avec cette rengaine de la baisse des ventes d'albums. Le temps d'un instant, les majors font leur Cosette pour se faire plaindre, mais surtout accuser le téléchargement illégal de cette soi-disant perte de vitesse. Voilà un argument de plus, qui est d'ailleurs leur argument phare, en faveur des DRM et des mesures restrictives face à la consommation de musique en ligne.
Mais nous ne sommes pas dupes ! Alors que cette chute des ventes d'albums fait les gros titres des journaux, les maisons de disques oublient de mentionner une croissance générale de 14% du marché de la musique[1]. Inutile non plus de s'embarrasser de la vente de la musique en ligne qui a augmenté cette année de 45%. Pourquoi donc parler de tous ces chiffres qui n'ont rien de négatifs et qui ne permettent pas de hurler à l'assassin à chaque musique écoutée en ligne ?
S'il est vrai que la croissance du marché est moins forte que l'année précédente avec 14% au lieu de 19%, il serait bon que les majors ne remettent pas en cause les consommateurs de musique mais plutôt leur inertie face à un marché en plein mouvement. La demande évolue, les technologies également, et au lieu de favoriser la vente de musique en ligne, on crie au loup à chaque album qui reste sur l'étalage.
La mort du CD est la reproduction à l'identique à la mort du 33 tours et de la K7 audio à cela près qu'il est remplacé par un format numérique impalpable que l'on a l'impression de ne plus contrôler. Pourtant, les fichier musicaux sont aussi facilement échangeables et copiables qu'un CD ou une cassette audio, alors pourquoi tant de bruit ? Jamais les lois n'ont été aussi restrictives envers l'utilisation d'un bien obtenu légalement, jamais nous n'avons vu fleurir autant de mesures de protections différentes...
Ce ne sont pas aux consommateurs de s'adapter au bon vouloir des majors, mais plutôt aux majors de suivre l'évolution du marché qui suit inexorablement l'évolution de la technologie. Si la vente de titres ne rapporte pas une assez forte croissance, il faut savoir se diversifier et trouver d'autres sources de revenus. Nous pouvons prendre l'exemple de la diffusion de clips musicaux en vidéo qui pourrait être monétisée par l'ajout de publicité ou par le placement de produit par exemple. Le développement de services rattaché à la consommation de musique en ligne pourrait également rapporter gros ou que sais-je encore.
A force d'agresser le consommateur, le marché ne s'en portera que plus mal. L'écoute de musique doit bien évidemment rester contrôlée un minimum pour éviter les débordements mais elle doit avant tout rester libre. La technologie numérique, le P2P, la copie de disques ne sont pas des armes qui servent à mener une guerre contre les artistes et ne doivent pas empêcher leur juste rémunération, il s'agit juste de savoir les employer à bon escient pour en faire des alliés dans la promotion d'un produit, et plus encore la valorisation d'une industrie.
Notes
[1] Tous les chiffres donnés dans ce billet sont tirés du journal en ligne Le Monde et sont relatifs au marché américain..